Emmanuel Macron a assuré cette semaine que le retour à l’école à partir du 11 mai se ferait sur la base du volontariat des parents. Mais combien d’entre eux auront véritablement le choix ?
Un retour à l’école sur la base du volontariat ? La FCPE, principale fédération des parents d’élèves, convient que c’est une bonne solution de laisser les parents décider : « Ce sont eux qui sont les mieux placés pour évaluer la santé morale de leur enfant », observe son coprésident, Rodrigo Arenas. Mais il souligne que seuls les ménages les plus aisés auront réellement le choix. « Ceux qui bénéficiaient des arrêts garde d’enfant vont devoir basculer vers le dispositif de chômage partiel. La perte de revenus que cela entraîne ne laissera pas le choix à nombre de parents, alors que les inquiétudes sont fortes sur la capacité de l’État à faire respecter les gestes barrières à l’école », estime-t-il.
Bruno Magliulo, ancien inspecteur d’académie, pointe également « l’injonction contradictoire qui consiste à dire aux parents qu’on leur laisse la liberté de garder leurs enfants à la maison, alors qu’on leur demande de retourner travailler pour assurer la reprise de l’économie ».
« Attention aux conséquences »
Parmi les parents qui n’auront pas forcément le choix, figurent aussi ceux dont les enfants doivent passer un examen à la fin de l’année. « En raison de la crise sanitaire, le bac et le brevet vont être attribués sur la base du contrôle continu. Et le ministère a indiqué que les notes du 3e trimestre seraient prises en compte », rappelle Valérie Piau, avocate spécialisée en droit de l’éducation. « Ne pas remettre son enfant à l’école comportera un risque, surtout si les notes obtenues avant le confinement étaient un peu justes », met-elle en garde, regrettant le « flou juridique » sur la façon dont les élèves seront évalués après la reprise des cours. « Il n’y aura pas de sanction vis-à-vis des parents pour absentéisme scolaire, mais attention aux conséquences pour les élèves qui doivent faire un choix d’orientation cette année, notamment ceux qui sont en troisième et en seconde », conclut-elle.
Le principe d’une rentrée sur la base du volontariat des parents comporte un danger pour les élèves les plus fragiles, estime également Hubert Salaün, porte-parole de la Fédération des parents d’élèves de l’enseignement public (PEEP) : « On nous avait dit que la continuité pédagogique ne devait pas aborder de nouvelles notions, mais là, si ces élèves restent à la maison pendant que d’autres élèves continuent à travailler, ça va créer des distorsions. La question, c’est comment on va gérer la rentrée, avec des élèves qui auront eu une scolarité un peu plus préservée et des élèves qui auront été éloignés de l’école pendant six mois », s’est-il inquiété cette semaine sur l’antenne d’Europe 1.
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