Les spécialistes saluent la portée symbolique de la décision d’Emmanuel Macron, ce vendredi, de limiter l’instruction à domicile.
Par Christel Brigaudeau Le 2 octobre 2020 à 17h57
Dans les faits, la mesure concerne une goutte d'eau : 50 000 familles en cette rentrée, selon le chiffre de l'Education nationale, ont coché la case du « homeschooling » selon la terminologie américaine. Il s'agit d'une galaxie extrêmement hétéroclite, mais en pleine expansion. Le nombre de cas recensés a bondi de 30 % ces trois dernières années.
« Tout le monde n'a pas les moyens de se payer une scolarité dans le hors contrat »
On y trouve - et c'est la cible du gouvernement - des tendances sectaires ou extrémistes religieuses, mais aussi des familles adeptes des apprentissages « informels », de l'autosuffisance, des parents d'enfants harcelés, phobiques scolaires. Et tout récemment, « des familles pour qui le port du masque et les règles de distanciation sociale à l'école posaient problème », relève Rémy Daillet, fondateur d'un site de référence pour ce mouvement, lui-même « homeschooler » pour ses dix enfants.
« Obliger tous les enfants à aller à l'école, je suis pour si l'école s'adapte à tous les enfants.
Ce n'est pas le cas aujourd'hui et tout le monde n'a pas les moyens de se payer une scolarité dans le hors contrat », réagit Isabelle Combe, fondatrice d'un réseau d'écoles spécialisées pour les enfants à « haut potentiel », dont beaucoup ont fait un passage par l'instruction à domicile après de dures années dans le système traditionnel. Ces élèves-là seront-ils contraints de revenir dans le rang ? Selon l'éducation nationale, seuls « seraient exemptés les enfants dans les situations suivantes : maladie, handicap, famille en itinérance, sportifs de haut niveau ».
Dès l'annonce du Président, dans les milieux alternatifs, ce vendredi, on fourbissait les armes pour d'éventuels recours en justice, au nom des droits de l'homme. « La liberté d'enseignement serait préservée car les parents pourraient choisir entre l'enseignement public, l'enseignement privé sous contrat ou l'enseignement privé hors contrat », précise-t-on au ministère de l'Education nationale.
« Ce n'est pas inconstitutionnel, mais la jurisprudence laisse la porte ouverte à des contentieux. C'est la Cour européenne des droits de l'homme qui aura le dernier mot », analyse pour sa part l'avocate Valérie Piau, spécialiste du droit de l'éducation. De fait, la France ne serait pas seule dans son camp en Europe : l'école pour tous est également la règle, par exemple, en Allemagne.
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